Généralités :
Le
paquet d’abeilles réagit de manière
similaire à celle d’un essaim naturel. Il montre
entre autres un comportement exacerbé de nettoyage et de
construction. S'il est installé dans une ruche
désinfectée et sur cires gaufrées, le
risque de maladie est minimisé.
L’apiculteur
n’a plus besoin de diviser ses propres colonies les plus
fortes, avec le danger qu’elles puissent manquer la prochaine
récolte parce que les conditions étaient
inadéquates pour leur rétablissement (au
printemps ou avant une miellée intense mais courte). Citons
deux exemples :
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- Au Canada, les producteurs de
miel ont l’habitude d’acheter de 10 à 20
% de leurs colonies comme paquets d’abeilles (le gazage de la
totalité du cheptel à l’automne puis la
reconstitution de celui-ci par essaims achetés au Sud des
États-Unis est rare du fait que la frontière est
fermée aux mouvements d’abeilles). Ces paquets
seront destinés à la reconstitution des pertes
hivernales. Ainsi, la miellée ne sera pas manquée.
- En Corée ou au
Moyen-Orient, les paquets d’abeilles sont destinés
à renforcer les colonies tout au début de la
saison apicole.
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En une
même opération, l’apiculteur renforce la
colonie avec de jeunes abeilles et la remère avec un
succès important dans les deux introductions. La reine
introduite est issue d’un élevage artificiel
récent, le plus adapté dans
l’application de critères de sélection.
De même, elle peut provenir de régions
où les conditions d’élevage et de
fécondations sont propices quand en Europe l’hiver
sévit. Une jeune reine sélectionnée,
fécondée de façon adéquate
(nombreux mâles fécondants,
météo), sera la plus à même
de développer un rythme de ponte soutenu. |

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Notons
également l’état sanitaire de telles
colonies. Le fait que les colonies soient isolées sans
cadres, sans couvain et nourries uniquement au sirop de sucre,
élimine la grande majorité des risques de
contamination. Par ailleurs, il est très aisé de
traiter ces ouvrières contre les loques ou la varroase avant
l’enruchage. Par conséquent, les abeilles seront les plus
saines et la colonie démarrera dans les meilleures
conditions. Vu qu’elle ne sera point affaiblie par quelque
maladie ou une reine âgée, cette colonie offrira
son meilleur potentiel immédiatement. |
Les
paquets d’abeilles sont disponibles chaque année
même tôt en saison apicole, apportant à
la fois une population nombreuse et une jeune reine, sans aucune
stimulation parfois hasardeuse des colonies hivernées. Si
les conditions extérieures se montraient
défavorables, il serait toujours possible
d’assurer un nourrissement énergétique
et protéique (sirop et pâte
protéinée) de manière à ce
que la reine maintienne sa ponte.
Il n’y a pas de pollution
génétique de prime abord, à savoir
qu’aucun mâle ne passera à travers la
grille à reine et le collecteur. Seule la reine fournie est
déterminante de la population à venir.
D’autre part, une telle méthode
d’introduction facilite l’acceptation par la grappe
d’une reine de race étrangère.
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Enfin, le producteur de
paquets d’abeilles gère ses colonies de
façon à ce qu’elles atteignent
pratiquement la fièvre d’essaimage (engorgement du
nid à couvain). Ce sont ainsi
énormément de nourrices et de jeunes butineuses
qui seront récoltées, les butineuses
âgées s’échappant au cours
des différentes manipulations.
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Critères de
qualité :
Pour
qu’un paquet d’abeilles offre toute sa
potentialité, il doit présenter un certain nombre
de critères de qualité :
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- les ouvrières
devront provenir de colonies en bon état (sanitaire,
alimentation, jeune population);
- la reine sera de
qualité, issue d’un système de
sélection approprié, élevée
et fécondée sous de bonnes conditions. Elle
conditionne le potentiel de la colonie à
l’arrivée;
- le paquet devra être
réceptionné dans des conditions
précises;
- l’essaim sera suivi
avec attention durant toute la phase de développement
jusqu’à l’établissement de la
population " normale " .
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L’installation :
L’époque
la plus favorable pour l’installation de paquets
d’abeilles sera celle où ressources
pollénifères et nectarifères sont en
abondance. L’installation au début des floraisons
dans votre région est souvent un bon compromis. Le temps
froid et l’absence de nectar provoqueront toujours un stress
sur les colonies quelles qu’elles soient.
Néanmoins, une supplémentation
énergétique et protéique est possible
si les conditions extérieures l’exigent ou si
l’apiculteur tient à
accélérer le développement de la
colonie. Ce type d’essaims artificiels est le plus
réceptif à ce genre de conduite.
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L’installation des nouvelles colonies s’effectue
dans le matériel propre à
l’exploitation, l’apiculteur acquéreur
bénéficiant de l’équipement
le mieux adapté à sa conduite.
Il faudrait d’abord rappeler que la
transmission de maladies est toujours possible par un
équipement auparavant contaminé. Étant
précisé plus haut que les paquets
d’abeilles ont un état sanitaire satisfaisant et
ne peuvent que rarement être vecteurs de germes, il serait
inopportun de les contaminer par du matériel mal
désinfecté. L’apiculteur prendra donc
d’extrêmes précautions en offrant des
ruches d’occasion et des cadres bâtis ou contenant
des provisions dont l’origine et
l’innocuité ne peuvent être
certifiées. |
Par expérience, il
est confirmé que des paquets d’abeilles ont
attendu jusqu'à 72 heures après leur
réception avant d’être
enruchés sans troubles apparents (n’occultons pas
pour autant la mortalité naturelle). Maintenus dans une
pièce fraîche, de l’eau
sucrée leur était distribuée
régulièrement et leurs provisions de sirop
contrôlées.
Dans le cas où l’apiculteur
souhaiterait installer ses colonies uniquement sur des cadres de cires
gaufrées, les abeilles doivent d’abord
étirer certains cadres pour stocker les provisions et la
ponte de la reine. Ceci entraînerait un retard de
développement. Lors d’essais en Australie
à l’automne 1997 et en France au printemps 1998,
le retard dans le démarrage de la ponte
n’était que de 24 heures en faveur de la reine
ayant à sa disposition des cadres bâtis. |

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Le risque de contamination de
maladies par les cadres bâtis contaminés ne
justifie pas un tel handicap. Sans compter le plaisir de travailler
ensuite des colonies aux cadres propres. Par contre, il faut insister
sur les faits que les cadres bâtis ont une
propriété isolante (inertie thermique) qui peut
s’avérer fort utile ; les provisions qui
y sont stockées sont les plus accessibles par la grappe
d’abeilles en cas de mauvais temps.
La taille du contenant destiné
à l’installation de la nouvelle colonie peut
facilement être laissée à la
discrétion de l’apiculteur. Des
collègues espagnols ont ainsi enruchés des
paquets d’abeilles de 1.5 kg sur quatre cadres à
l’intérieur de ruches Layens standard. Afin de
cloisonner la nouvelle colonie, ils ont découpé
des plastiques et les ont utilisés comme couverture
au-dessus et sur le côté des cadres. |
En effet,
les jeunes abeilles qui composent ces colonies ont, stockées
dans leur organisme, les réserves protéiques leur
permettant de pallier temporairement à une
éventuelle carence en pollen et soutenir dès que
possible la ponte de la jeune reine. Insistons dès
à présent sur l’importance de la
préparation et le choix des colonies souches, productrices
d’essaims nus, sur les conditions favorables à
l’élevage sur le lieu d’origine.
Lors d’essais en 1998,
jusqu'à 10% des colonies se sont
avérées déficientes et les
observations opérées ont le plus souvent conclu
qu’une reine mutilée en était
l’explication. Tout est question
d’expérience : mieux vaut ne pas
provoquer un stress de la colonie en effectuant des visites
inopportunes ou trop longue, le risque d’emballement de la
reine, d’excitation générale du rucher
est grand. Avec pour conséquence, l’effet inverse
de celui souhaité. |
Les
provisions devront toujours être fournies à
volonté aux colonies. Des essaims enruchés sur
des cadres de cires gaufrés uniquement, ont
consommé jusqu'à 5 litres de sirop et 300g de
pâte protéinée (parts égales
de pollen et de compléments protéiques intimement
mixées et liées par du sirop) au cours du
printemps 1998 lorsque les conditions extérieures y
étaient exécrables. Comprenez que ces
consommations dépendent du milieu et de la saison. |

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Il est
essentiel de bien réaliser que la population en
ouvrières décroît durant le premier
mois comme les butineuses âgées meurent lorsque
aucune imago naissante ne peut leur succéder. Le souci est
qu’à tout moment la grappe puisse
réchauffer le couvain ouvert. Par observation,
l’excès de nourrices au départ pour
s’occuper des jeunes larves et de la reine augmentera la
qualité des soins apportés à ces
dernières et la vigueur des abeilles naissantes par la
suite. Dû à ces mêmes causes naturelles,
le nombre de butineuses disponibles se réduira durant les
quatre à six semaines suivant l’installation.
Ainsi, la jeune colonie atteindra une population maximale en 10
à 12 semaines.
A partir de la naissance des premiers couvains, la
colonie semble tirée d’une phase critique. Elle ne
nécessitera plus alors que le suivi habituel d’une
colonie dynamique. |
Diverses utilisations :
Le
recours aux paquets d’abeilles sera judicieux chaque fois que
l’apiculteur recherchera de jeunes colonies dynamiques, et ce
à différentes époques de
l’année.
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- Afin d’obtenir des
colonies précoces sans stimulation parfois hasardeuse
d’autres colonies à peine sorties de
l’hivernage. L’utilisation de paquets
d’abeilles en vue de la pollinisation ou la
récolte de miellées précoces ne sera
possible qu’après un laps de temps correspondant
aux naissances des premiers couvains, à la croissance de la
population et à l’activité de nouvelles
butineuses (cf. ci dessus §4). Rien ne pourra raisonnablement
leur être demandé avant six à huit
semaines (mis à part un développement dynamique).
- Par contre, employés
pour renforcer les colonies, les paquets d’abeilles
s’avèrent plus surs qu’une stimulation
hasardeuse.
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- Le paquet d’abeilles
est aussi un moyen d’expédier des reines
fécondées : une escorte libre répond
tout aussi bien aux sollicitations de reines que si chacune
possédait sa propre escorte. Plus de soins sont en apparence
apportés par certains transporteurs à un
chargement de paquets d’abeilles qu’à un
colis de reines.
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En
mouillant par exemple les grappes, on peut contrôler avec
précision les quantités distribuées,
ces abeilles se manipulant aisément. Ceci
s’avère fort utile lors du peuplement de
nucléi de fécondation. |
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